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Panier

Mon rapport au corps et au toucher

 

Tu voulais faire quoi petite ? Moi ?! Je voulais être créchière !!!!! Si si ça existe bien mais dans le langage d’un enfant. Une attirance pour le développement et l’enfance. Je retournais régulièrement voir les éducatrices et la directrice avec maman et ce jusqu’à mon collège…. Fin de 3ème je décide donc de faire un stage dans le milieu de l’enfance, on change d’idée ça n’est pas pour moi. Je me sens limite oppressée. Sûre de chez sûre ça n’est pas ce métier que je veux faire. Il me manque quelque chose.

 

 

Le lycée se déroule je songe à d’autres métiers dans le sport, la santé. Certains ne m’attirent pas, d’autres si : accompagnatrice dans le sport, ergothérapeute, psychomotricienne, Kiné. Kiné ?! Ah oui ça j’aime beaucoup ça regroupe tout ce que je souhaite mais bon encore une fois de plus on va me dire que je fais tout comme mon frère. Alors pourquoi pas psychomotricienne ?! Je me renseigne, je lis des articles, vidéos, je fais une journée avec une psychomotricienne, mais non il n’y a rien à y faire il me manque quelque chose d’important. Bon kiné alors !!! Tant pis on va faire comme le grand frère, au moins j’ai son parcours en ligne de mire ça me motive pendant les années de préparations ! Ah si je vous assure que d’avoir le livre d’anatomie aux toilettes, Oscar le squelette au pied de mon bureau, les discussions des cours, des révisions en mangeant avec les colocataires, malgré tout ça m’a aidée!

La rentrée en kiné arrive, hâte ! Les premiers cours en massage, anatomie, mobilisation aussi…. Ah mais oui le massage ! Moi qui déteste être touchée. Je veux bien faire un effort pour des techniques manuelles d’habitude mais le massage non. Toucher les autres aucun soucis, mais ma propre histoire m’a amené de gros blocages corporels. Sauf que pour les cours il va bien falloir s’y habituer. Après tout c’est logique si tu veux être à l’aise pour toucher les autres il va falloir d’abord être à l’aise avec le toucher sur ton propre corps. Premier cours de travaux pratiques en groupe, la morphologie. T’es servie, tu es mise dans le bain du corporel, du regard. Ça c’est fait, une première étape de passée. Ça parait anodin pour certains, beaucoup moins pour d’autres. Alors les études se déroulent je prends progressivement confiance en ce regard et ce toucher qui peuvent être aussi bienveillants.
Pour avoir le diplôme on passe par la case mémoire et bien entendu je choisi de faire mon mémoire sur l’image du corps, image de soi, schéma corporel sur la gestion de la douleur et du deuil chez un jeune adulte en fauteuil roulant suite à un accident de la route (paraplégie). J’adore car il me fait vraiment prendre conscience que la gestion de la douleur passe par beaucoup de facettes dont le toucher, la gestion des émotions, le schéma neurologique. Qui dit jeune adulte dit sexualité abordée. Un sujet passionnant non abordé autrement que dans l’intimité des séances en kiné avec ma tutrice puisque manque de moyen financier le centre avait dû arrêter une prise en charge de sexologue. Pas abordé dans nos études mais ma tutrice était formée et avait une grande facilité à en parler. La sexualité, le toucher c’est important ça fait partie de son processus d’évolution, de réadaptation. Je termine la soutenance en parlant de l’intérêt du toucher, de la relation soigné-soignant et de l’équipe multidisciplinaire. Alors à la question du jury, suite à ma soutenance, « Qu’allez-vous faire plus tard ? » je réponds « continuer les formations sur différents sujets car la prise en charge globale j’adore ». Diplôme en poche et le diplôme « j’aime les massages» aussi !!!! J’ai surtout compris l’intérêt du toucher …

Vous en avez certainement déjà entendu. On développe le toucher-massage en accompagnement dans les soins palliatifs depuis quelques années maintenant. Et il a été prouvé par des expériences très anciennes que les nouveaux nés sans relations sociales se développaient difficilement voire se laisser mourir. On amène le peau à peau chez les bébés prématurés, pas pour rien tout ça ! Il m’arrivait dans des accompagnements de fin de vie de juste toucher, masser la main, l’avant-bras, un sourire, quelques paroles douces, libératrices, quelques rires et la personne était ravie. C’est beau de voir un corps qui se libère, qui se détend. Et puis dans les séjours adaptés en tant qu’animatrice mes moments préférés étaient dans la vie quotidienne, des moments de partage incroyable avec un public où le toucher prenait énormément de place et de valeur.
Le toucher lorsqu’il est malveillant, violent ou non voulu, attendu, ce sont des blocages qui se créent, dans l’inconscient, le corporel et qui, si ceux-là s’engramment amènent des maladies car le mal à dit….. L’observation d’un corps, de ses positions spontanées, de la posture dans l’espace, du mouvement, nous apporte beaucoup d’informations sur le vécu de la personne, sur son histoire, sur son caractère, sur ce qui se passe à l’intérieur. Le toucher respectueux, lui, amène beaucoup dans le relationnel, dans la guérison. C’est un processus qui peut parfois être long mais très libérateur…

Le passage par le corporel dans le processus de guérison, dans son cheminement est très intéressant et selon moi essentiel pour intégrer pleinement notre corps.

Et vous, êtes-vous en accord avec le toucher ?

« Prends soin de ton corps pour que ton âme ait envie de l’habiter » (proverbe chinois)

Soizic